FORUM BRESIL-AFRIQUE
13 Septembre 2012, Johannesbourg, Afrique du Sud.
DISCOURS D’OUVERTURE DU PRÉSIDENT LULA
C’est avec grande satisfaction que je m’adresse à vous, qui êtes réunis à Johanesbourg à l’occasion de ce Forum Brésil-Afrique.
Je voudrais saluer les organisateurs et les sponsors de cette Rencontre. Cette initiative doit aider à améliorer davantage les relations entre le Brésil et cet imense et beau continent qu’est l’Afrique.
Je voudrais commencer premièrement par vous dire : le XXIe siècle doit être le siècle de l’Afrique, le siècle de son développement.
Depuis l’année 2000, l’Afrique connait un taux de croissance bien plus important que celui des pays développés.
Il est nécessaire que le Brésil, ainsi que les autres pays en développement et les pays riches, s’engagent de manière significative en faveur du développement de l’Afrique.
Tous doivent soutenir la mise en place de projets stucturants. Des projets qui permettent à l’Afrique de s’approprier de sa croissance.
Les actions d’aide humanitaire sont toujours bienvenues mais ne résolvent pas le principal.
Les Africains savent cela et ont ainsi mis en place des projets afin de combattre les graves problèmes structuraux du continent. Et nous avons tous l’obligation d’en prendre connaissance.
L’Union Africaine s’est réunie en janvier et a approuvé le « Programme pour le Développement d’Infrastructures en Afrique », le PIDA.
Le programme définit les constructions nécessaires pour lier et intégrer le continent jusqu’à 2040. Tous les chantiers essentiels dans les domaines de l’énergie et du transport y sont décrits.
L’Union Africaine a déjà défini ses priorités et a fait clairement savoir que le capital étranger est bienvenu pour l’aider à atteindre ces objectifs.
Je crois que les entrepreneurs connaissent déjà le PIDA et ont perçu les débouchés que le Programme apporte en matière d’infrastructure.
D’autre part, les opportunités sont également significatives dans les domaines de production d’éthanol, de biodiesel et d’aliments. Le même vaut pour l’industrie chimique et pharmaceutique, la finance, les télécomunications et l’industrie de la chaussure.
Nous ne pouvons pas considérer l’Afrique comme un simple fournisseur de minéraux et de pétrole, comme si le continent était encore sous l’emprise coloniale et dont les richesses ne sont pas reconverties au profit de sa population.
Je voudrais voir les entrepreneurs Brésiliens s’associer aux entrepreneurs Africains afin de produire de l’énergie, de planter du soja, de la cane à sucre et du maïs.
Notre relation avec l’Afrique, mes chers, doit être de partenariat.
Nous devons laisser la priorité à la main-d’oeuvre africaine. Nous devons encourager le transfert de technologie, définir des contreparties sociales avec les gouvernements africains et respecter les particularités et les règles de chaque pays.
Mes chères amies, mes chers amis,
Je suis optimiste. Je crois au développement de l’Afrique, malgré la crise économique internationale.
En fait, cette crise est la continuité de celle de 2008, qui n’a pas empêché à l’Amérique Latine et l’Afrique de poursuivre leur cylce de croissance.
Certes, nous souffrons tous des conséquences de la situation en Europe. Mais ce ne sont pas les Latino-Américains ou les Africains qui l’ont provoquée et nous devons réagir.
La vérité est que la crise nous révèle davantage l’importance des relations Sud-Sud qui visent et permettent essentiellement la diminution de la dépendance de notre commerce vis-à-vis des Européens.
Le Brésil, l’Afrique du Sud, les pays Latino-Américains et Africains doivent occuper une place plus représentative au sein des directions des diffénts organismes multilatéraux.
Mes chers,
Nous pouvons entrevoir une nouvelle reálité : les Africains ont trouvé le chemin du développement et, parallèlement, avancent vers la démocratie.
La société s’organise, de nouvelles entités représentatives émergent et des élections législatives ou présidentielles ont lieu sur tout le continent.
Cette nouvelle Afrique qui surgit est l’Afrique du XXIe siècle.
Mes chères amies, mes chers amis,
Le Brésil est le deuxième pays du monde où la population noire est la plus importante. Seul le Nigeria a une population noire plus nombreuse que la nôtre. Nous partageons une identité exceptionnelle avec les peuples africains.
Aujourd’hui, le Brésil est la sixième économie mondiale et a obtenu ce résultat grâce à la conjonction du développement économique, à la distribution des richesses et au bon fonctionnement démocratique des institutions.
C’est dans un contexte de paix et d’harmonie que plus de 28 millions de Brésiliens sont sortis de la misère et 40 millions ont accédé à la classe moyenne. Le Brésil a réussi à capter des investissements étrangers, a créé et consolidé des entreprises nationales et a développé son marché interne.
Au cours de cette période, nous avons privilégié nos relations avec l’Afrique, et notamment nos relations économiques, qui se sont beaucoup développées. En 2011, le commerce entre le Brésil et l’Afrique a atteint le chiffre de vingt sept milliards six cent millions de dollars.
Mais ce chiffre peut encore augmenter bien plus.
Mes chers,
Il me faut également attirer votre attention sur un autre point extrêmement important de cette discussion : plus de trois cents millions d’êtres humains sont sur le continent en situation d’insécurité alimentaire.
Sachant cela, on ne peut pas dormir en paix.
Je suis convaincu que, en même temps que le continent se développe et que les chantiers se multiplient, il est également nécessaire de privilégier la production des aliments et de combattre la faim.
C’est ainsi que nous avons fait au Brésil et je crois que l’Afrique peut le faire aussi.
Notre expérience dans le domaine de l’agriculture familiale, le travail de l’Embrapa, le programme « Plus d’aliments » : nombreuses ont été les actions qui ont réussi au Brésil et elles peuvent, moyennant quelques adaptations, être reprises ici.
C’est pourquoi je soutiens une initiative très importante de la FAO, qui a le projet d’organiser en Afrique, dans les premiers mois de 2013, une Rencontre des dirigeants africains et internationaux afin de d’entreprendre de nouveaux chemins pour unifier et coordonner le combat en faveur de l’éradication de la faim sur le continent.
Chers amis, je crois que la FAO et l’Union Africaine, ensembles, peuvent penser à la création d’une sorte de « PIDA Social », un Programme de Développement Social qui unifie la lutte contre la faim.
Je n’accepte pas l’idée qu’une partie du monde est née pour être riche et l’autre pour être pauvre.
Aider ne consiste pas seulement à distribuer de la nourriture. Aider, c’est créer des sources de revenu, créer des emplois pour que les gens aient la liberté d’acheter ce qu’ils veulent et quand ils le veulent.
Enfin, mes chers amis, viser l’amélioration des relations avec l’Afrique, croire à son développement, c’est investir dans le continent et participer à la lutte contre la faim.
Cette bataille est extrêmement difficile. Et la participation des entrepreneurs est primordiale.
Recevez mes plus vives amitiés et j’adresse à tous mes vœux pour un excellent séminaire.